Le Japon
![]() | ![]() | ![]() | ![]() |
---|---|---|---|
![]() |
Soyons clair, le Japon n’était absolument pas au programme. C’est donc un épisode totalement « free-style » rythmé par la mauvaise météo et la fatigue. Cependant l’excitation de découvrir ce pays et de changer de la rusticité de la Mongolie nous procure un regain de motivation.
Tout du Japon va nous plaire. Ce fût LA bonne surprise du voyage même si les 24 premières heures ne furent pas bien prometteuses. On s’explique. Tout d’abord l’Aéroport d’Osaka n’est absolument pas à Osaka mais plutôt à 100 km. Ensuite un orage violent s’abat sur nous alors que nous ne savons absolument pas comment marche ce pays ni où dormir. Nous sommes sauvés par Hamid (et non il n’est pas japonais si vous vous posiez la question, il est iranien) qui nous nourrit de sushis et nous fait une place dans son garage/casse entre deux épaves.
Circuler en gros vélo de voyage au pays du soleil levant c’est juste trop facile (exception faite de l’orientation quasi impossible tant le secteur est urbanisé). Les gens se décalent quand ils nous doublent, ralentissement même des fois ! Ils viennent vers nous pour nous aider. La nourriture est complexe mais tellement digeste ! On peut dormir partout et Halleluja ! il y a des 7&eleven partout, vraiment partout ! Ces petits magasins peuvent sauver la vie d’un cyclo: toilettes (cuvette chauffante !!), wifi, nourriture, eau chaude, café… ! Par contre il fait une chaleur écrasante… Nous avons l’impression d’être dans un hammam. Tout est humide, tout le temps. Ce nous change des 10° max de la Mongolie !
Une des choses qui nous marque le plus c’est l’absence de bruit, c’est tellement calme. Pas de klaxon, pas de gens qui crient, que des voitures électriques… le bonheur. Notre première escale sera Nara. Belle ville où le daim est roi : ils se promènent partout dans la ville et sur les routes en total liberté, se faisant nourrir de crackers et se laissant caresser. Nous rendons visite au plus grand Bouddha en bronze du monde qui loge dans la plus grande construction en bois qui ait été construite par l’Homme : Le Temple Todai-ji : une vraie merveille. Au vu des prix des hébergements nous choisissons de squatter le parc et de dormir à la belle, après s’être lavés dans un bain public. Etre tout nu avec tout plein de japonais et japonaises de tous âges c’est « être au plus près de la population » ! Nous aurons deux compagnies différentes cette nuit-là dans notre parc: les daims qui brament et les moustiques…
On roule tranquillement en alternant trottoirs, voies cyclables et parcs publics pour dormir jusqu’à Kyoto. Nous nous arrêtons en chemin à la distillerie du célèbre Whisky Yamazaki. Yeeeee on va pouvoir goûter tout ça ! Ah bah non, il est strictement interdit de consommer ne serait-ce qu'une seule goutte d’alcool lorsqu’on est à vélo, - « mais si vous voulez vous pouvez goûter l’eau que nous utilisons afin de fabriquer notre whisky ». Ils sont gentils… ! En partant nous visitons une petite foire agricole et tombons sur notre premier apiculteur qui nous donne un petit pot de miel d’acacia à 9€ les 125g (!!!!). Son intérêt pour notre activité et la gentillesse de cet homme nous fait croire que le Japonnais va être sympa.
Nous arrivons à Kyoto chez Haruka et Hiraku nos hôtes “en or” et leurs voisins Mari et Miyami. Nous allons rester pour notre premier séjour 4 nuits avec eux. Nous adorons Kyoto. La ville n’est pas très grande et il y a des temples et de beaux jardins zen partout. Pile ce qu’il nous fallait : un repère pour se poser un peu. Haruka et Mari sont très intéressés par notre voyage et vont transformer notre séjour touristique en véritable tour apicole. Nous avons rendez-vous dès le 2e jour sur les toits de l’hôtel de ville de Kyoto pour un petit déjeuner au soleil en compagnie de 5 japonais sympathiques et … d’abeilles (voir article apiculture japon). Le reste de la journée on nous promène à travers tout Kyoto afin de rencontrer tout plein d’apiculteurs et se faire mitrailler par des appareils photos tous les 3 minutes (ce n’est vraiment pas un mythe !). On ressortira lessivés de cette machine à laver japonaise avec une invitation à participer au prochain meeting annuel national des apiculteurs amateurs … la semaine prochaine !
En attendant nous allons diviser nos affaires de moitié et partir 5 jours dans les montagnes de jungle humide autour de Kyoto et le lac Biwa. C’est hyper agréable d’être de nouveau dans la nature, et surtout d’être hyper lights. Par contre c’est raide… très raide… ! Les montagnes sont abruptes ce qui donne un charme, certes, mais il est impossible de planter une tente… C’est tout sauf plat, et la forêt est dense. Le premier soir nous dormons dans un jardin d’enfants et nous sommes invités chez une famille de producteurs de riz bio pour manger et boire le café. Le deuxième sur une dalle en béton entre la route et la rivière, le troisième et quatrième, au bord du lac.
Prochain événement : le meeting ! A peine la porte s’ouvre, une centaine de têtes se tournent vers nous et on nous pousse sur la petite scène devant : « parlez-nous de vous » ! La soirée se déroule sans qu’on ait le contrôle sur quoi que ce soit. Nous sommes des VIP et puis c’est tout ! Tombola, discussions avec les plus bavards, découverte des nouvelles inventions puis repas grand luxe. Certains passent le temps du repas à tourner dans la salle avec d’énormes bouteilles de Saké et de Whisky. LA bière est à volonté, bref ces japonais savent faire la fête quand l’occasion se présente. Le repas terminé on met tout dans des caisses et on transporte ça dans les chambres d’hôtel à l’étage : que la fête continue… ! Il faut suivre et surtout retrouver la maison après ! Cette soirée fut mémorable nous nous sommes fait plein de copains qui veulent tous venir nous voir en France. Des gens intéressants et intéressés, d’une générosité et d’une curiosité que seuls les japonais peuvent avoir.
Après encore quelques jours de visite et de vie dans Kyoto vient le prochain évènement : Haruka nous propose de faire une présentation publique de notre voyage. On accepte, c’est une bonne idée. Nous voilà donc devant un petit public archi curieux de découvrir d’où nous venons et ce que nous avons vu lors de notre voyage. Nous sommes obligés de stopper les questions à la fin tellement qu’il y en avait !
Kyoto fût vraiment une ville de rencontres, apicoles ou non ; que nous avons eu du mal à quitter. Mais nous devons avancer un peu si nous voulons voir le Mont Fuji et Tokyo. On monte alors à bord du célèbre Shinkansen avec nos vélos une nouvelle fois emballée dans des sacs à vélo. La révolution ! C’est tellement mieux que les cartons ! L’objectif est de rouler autour du Mont Fuji et d’aller jusqu’à Tokyo. Environ 350km.
Nous avons RDV avec nos copains Suisses, Andrea et Anina que nous avons quittés avec beaucoup de regret en Mongolie. C’est nos copains quoi !! Où et comment c’est une autre histoire… Eux sont désormais à pied et nous ? Ba il pleut, on est sur nos fichus bécanes et nous ne savons pas où nous sommes. On trouve un endroit pour dormir en posant aux copains un beau lapin, snif. Le lendemain commence tôt. Très tôt… 3 heures du matin. La tente toute entière nage dans 2 cm d’eau… Étonnés de pas être encore embarqués au large du pacifique, on plie et on se réfugie sous un abribus. Et on attend le jour. Trempés jusqu’aux os… ambiance. A 5 heures, le jour est levé alors on met les voiles (façon de parler hein mais ça aurait pu !). Nous attends une super mâtiné de ride entre la déviation et l’autoroute sous des trombes d’eau… ambiance on vous dit !!! On retrouve nos chers amis à Fujinomiya pour manger, trop contents de se revoir ! Ils nous décrivent Tokyo. C’est simple, ils ont adoré et selon eux impossible de n’y passer que 2 jours. Avec ces informations et au vu de la météo qui s’annonce, le plan change peu à peu. Mais nous avons besoin d’un bon vieux Onsen (source d’eau chaude et bain public) pour nous mettre les idées au clair !
Finalement nous roulerons sur le Mont Fuji, qui est de toute manière noyé dans les nuages, avant de se diriger directement vers Tokyo. Mais c'en est trop pour Olivia. La situation n’est pas facile : route fréquentée et très raide, pluie diluvienne, chaleur poisseuse et aucun endroit où mettre la tente. Tout ce cocktail agrémenté d’une fatigue accumulée depuis des mois : on invente un plan C. Direction Fuji ou nous prendrons une chambre en auberge de jeunesse puis un train le lendemain pour Tokyo. C’est bon... on ne peut plus voir nos vélos en photo.
Et Tokyo. Tokyo. Si vous l’avez déjà vu dans les films ou en photo, eh bien c’est exactement pareil. Ça grouille de monde, des lumières partout, du hi-tech au vieux temple, c’est IMMENSE. Mais détrompez-vous : les gens sont aussi gentils qu’à la campagne. Un japonais restera un japonais : adorable et curieux. Nous ferons un jour un quartier, et c’est tout juste si ça suffisait. On vit ici comme de vrais gosses. Nous mangeons, goûtons à tout. On s’émerveille devant les inventions électroniques les plus folles, mais surtout nous fêtons la fin de notre périple. Et croyez-nous, c’est vraiment bien de terminer un voyage tel que le nôtre par une ville comme Tokyo =)
Demain nous décollons. Tout comme la veille du départ, nous ne réalisons pas encore que c’est la fin. Nous avons bouclé la traversé des 12 pays, avons eu notre dose d’aventure pour les prochains mois et nos jambes réclament du repos après les 7000 kilomètre qu’elles viennent de parcourir. C’est un mélange de sentiments nostalgique mais aussi d’excitation qui nous saisis ces derniers jour. Comme si la France et la maison était de toutes nouvelles destinations et que nous avions hâte de retrouver des choses faciles. Des choses que dans la vie de tous les jours, nous ne prenons pas en considération.