L'apiculture en Russie
Au détour d’une rue de St Pétersbourg, nous tombons par hasard sur ce magasin.
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A la devanture sobre, nous entrons, ravis de cette découverte. Dès notre entrée, nous sommes frappés par les produits présentés. Du miel en pot mais également en jarres, en cadres cirés à la découpe, des produits à base de propolis, de gelée royale, de venin d’abeille. Tout cela nous fait prendre conscience que ce pays que nous pensions peu apicole avait en fait une activité et une diversité insoupçonnées.
L’endroit était assez petit, 3 pièces exiguës dont la principale remplie de 5 ou 6 extracteurs à paniers, entassés, de toutes tailles. Cette boutique aux allures de vitrine, n’avait plus une place de libre sur ses murs. Les étagères encombrées, débordaient d’articles divers, aux étiquettes indéchiffrables. Les clients, nombreux, ne paraissaient pas être intéressés par notre entrée et les vendeurs uniquement composés de femmes, ne semblaient absolument pas perturbées par celle-ci que nous qualifierons de touristique. Cette mini boutique/musée, ne présentait ces articles qu’à l’unité, tout sous vitrine, et les 12 bourriches à miel se confondaient avec le comptoir. Chaque miel avait ses testeurs, nous voulions tout goûter, tout toucher, mesurer, prendre en photo… ce moment de surexcitation prit fin après 5 minutes. Notre premier contact avec une russe fut assez expéditif. Elle nous a parlé, nous n’avons pas compris, elle ne comprenait pas que nous ne comprenions pas et nous a demandé d’acheter du miel ou de partir… Son ton était sans aucune expression, ni agressif, ni sympathique ce qui rendait sa compréhension compliquée. Nous étions ravis de découvrir tout ce matériel, de se rendre compte que la région de St Petersbourg avait une activité apicole importante, mais nous n’avions aucun moyen de lui expliquer ce qu’on faisait et elle ne nous n’en laissa pas l’occasion. Nous refermons donc la ruche que nous avions ouverte pour en déterminer le modèle, jetons un dernier coup d’œil aux livres et aux outils, et repassons dans la salle des miels. Devant cette quinzaine de miels différents et sous le regard russe insistant de cette femme, nos désirs de tout goûter, fondent dans la froideur de son visage. Nous en choisissons un, très foncé, gouttons et choisissons celui-ci. Il était très bon, et s’apparentait à un miel de châtaigner. Ce sera la dernière fois de notre voyage que nous trouverons du miel crémeux. Cette dame prend alors le pot d’un kilo sans nous concerter et le rempli… on essaye de lui expliquer que nous sommes à vélo et que le plus petit de ses pots nous convenait déjà amplement. Nos sourires figés et le silence d’incompréhension ne faisaient qu’empirer le malaise régnant dans cette pièce… elle remis donc le contenu du pot dans la jarre et nous tendîmes le plus petit de ses pots, sans aucune expression. Sur ce pot aucune information, unique, le ticket de caisse stipulait en russe la variété du miel que nous avions entre les mains. Avec le plus grand de nos sourires nous lui disons « Spasiva » en espérant pour finir notre accord que ce tableau qui lui servait de visage allait enfin se défiger. Mais rien…
Un peu frustré mais très content d’avoir trouvé ce magasin, nous nous retrouvons sur le trottoir, ce pot de miel à la main, seule preuve de notre intéressement à l’apiculture en Russie.
Notre deuxième contact avec l’apiculture russe sera dans le transsibérien, lors de notre rencontre avec Dimitry, qui revendait du miel dans son village en Sibérie. Il nous confirmera également que l’apiculture en Russie est une activité très présente et qu’il était dommage que nous n’avions pas eu plus de temps pour la découvrir. Les visas Russes ne sont pas si arrangeants que ça… Il nous fit donc promettre que si l’on revenait en Russie, il fallait aller dans son village ! Alors on reviendra.
La Russie est donc un pays à l’apiculture très riche. Le manque de temps et certains soucis administratifs ne nous ont pas permis d’en découvrir son ampleur mais sous leur air froid et rigide les Russes sont des personnages attachants, ne comptant pas lorsqu’il s’agit de donner. C’est sûr, un jour nous y reviendrons, il y a encore beaucoup de choses à découvrir, et le temps nous apprend à admirer la beauté de tableaux aux paysages figés. Il n’est parfois tout simplement pas nécessaire d’être expressif.